17 mai 2017

Activité impressionnante au volcan Shiveluch

Je ne sais pas encore si, concrètement, l'activité est actuellement en hausse, mais après l'événement important du 11 mai, une nouvelle phase très impressionnante s'est déroulée le 16 mai en fin d'après-midi.
Je reviens tout d'abords sur le 11 mai car il me semble en avoir trouvé l'une des* causes sur les images de la webcam. Toute la question est en effet de savoir si l'écoulement pyroclastique qui a laissé le dépôt décrit dans le post précédent a été produit directement par une activité explosive (effondrement d'un panache de cendres par exemple) ou par un effondrement du dôme en cours de construction. Une image prise le 14 mai, comparé à une autre pris e l06 mai, permettent de constater que la morphologie du dôme a changé de manière relativement importante au cours de l'événement du 11 mai, indiquant que l'important panache de cendres avait, au moins en partie, pour cause un effondrement du dôme.


Changement de morphologie sur le dôme suite au 11 mai. images: IVS-FEB-RAS

Par la suite l'activité s'est manifestée par des émissions de cendres intermittentes, relativement soutenues et relativement fréquentes au niveau d'un évent situé dans la cicatrice laissée par l’effondrement de septembre dernier, évent au niveau duquel se poursuit l'extrusion de lave visqueuse. Quelques autres écoulements pyroclastiques se sont aussi formés suite à de petits effondrements du dôme.

Des émissions de cendres relativement soutenues se sont produites suite à l’effondrement du 11 mai. Image: IVS-FEB-RAS

Mais un événement au moins aussi important, sinon plus, s'est produit le 16 mai après-midi, dans des conditions météo cette fois partiellement dégagées, ce qui permet de prendre conscience de son ampleur.
Cela commence à 07h07  TU (19h07 heure locale) sous la forme d'un très volumineux et impressionnant écoulement pyroclastique qui parcours, en l'espace de 9 minutes une distance estimée à 6500m, soit une vitesse moyenne de progression d'environ 12m/s (~40 km/h). La couverture nuageuse est assez haute pour permettre de constater qu'en réalité deux écoulement sont formés, quasi simultanément, sur les versants sud-ouest et est du dôme actif. Celui du versant est suggère au passage qu'il y a une zone d'instabilité de ce côté-là, alors que l'activité depuis de très nombreux mois affecte surtout le versant sud-ouest où l'extrusion se déroule.

La position du dômes et les deux écoulements pyroclastiques qui en descendent. Image: IVS-FEB-RAS

Au plus fort de son développement, peu avant qu'il se s'arrête, l'écoulement était tout simplement impressionnant: un immense mur de cendres! On voit sur l'image ci-dessous que ce front est scindé en deux "lobes": celui de gauche a été formé par la "prise en charge" d'une partie de l'écoulement par une ravine, ce qui a dévié sa course. Celui de droite (le principal) a continué sa course tout droit: c'est lui qui a atteint une distance estimée (grossièrement) à environ 6500m.

Une impressionnante masse de cendres, gaz et blocs en mouvement. Image: IVS-FEB-RAS

Vu depuis l’espace l'événement se présente de manière similaire à celui du 11 mai: l'injection dans l'atmosphère d'une quantité de cendres importante, jusqu’à une altitude estimée 10 km par le VAAC de Tokyo, mais de très courte durée. Cela se marque par un panache qui se détache de son "volcan-source" dès sa formation: aucune "queue" ne l'y rattache dans les heures qui suivent sa formation. Cette injection massive de cendres a, bien entendu, poussé le KVERT a élever l'alerte aviation au rouge. Elle est repassée à l'orange quelques heures plus tard, une fois les cendres assez dispersées.

4 heures après l'écoulement pyroclastique la masse de cendres injectée dans l'atmosphère fait 70 km de large et se trouve déjà à  80 km de distance. Image: Himawari 8

Il n'est pas impossible que l’événement du 16 mai soit une réplique de celui du 11 mai. Et deux événements d'une telle importance en moins d'une semaine, alors que les derniers mois ont été marqués par une activité plus régulière et tranquille, pose la question de la cause.Si la situation redevient stable dans les jours/semaines qui viennent, cette crise n'aura étré que passagère et accidentelle: le dôme, devenu trop volumineux, sera aussi devenu trop instable et sera parti en morceaux.
Si par contre l'activité s'amplifie, la cause sera plus profonde, comme l'arrivé de magma plus riche en gaz par exemple.

Pour l'heure nous ne pouvons rien savoir de tout cela et il suffit d'attendre et observer, comme à chaque fois.

Sources: KVERT; IVS-FEB-RAS; Himawari 8; VAAC de Tokyo
* je ne suis pas sûr que ça soit la seule

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