4 avril 2017

Un point sur l'activité des volcans Nyamulagira et Kambalny

Nyamulagira, République Démocratique du Congo, 3058 m

L'activité éruptive se maintient. Il n'y a pas à ma connaissance, d'observations directes récentes de l'activité dans le Pit Crater ouvert au sommet de ce magnifique volcan-bouclier. Toutefois il est clair qu'une activité éruptive s'y maintient, du fait de la présence permanente
de rayonnements infrarouges intenses, signe d'une source de chaleur importante, qui ne peut pas être expliquée par du simple dégazage, et doit faire appel à une émission de lave pour être justifiée.

L'absence d'émissions de cendres implique qu'il s'agit d'une activité toujours essentiellement effusive. Et puisqu'elle se déroule au fond du Pit Crater, la source de ces rayonnements peut être:
- un vrai lac de lave, objet qui a été fréquemment observé au sommet de cet édifice par le passé
- une "flaque de lave"*, à l'image de ce qui avait été décrit  sur l'Alaid en 2016 par exemple, c'est à dire l'accumulation de coulées sur le plancher du Pit Crater, issues d'un évent effusif. C'est d'ailleurs ce qui semblait se produire au début de cette nouvelle activité, en janvier dernier, mais la situation a pu évoluer depuis et produire un vrai lac de lave, sait-on jamais.

Signal thermique repéré au sommet du Nyamulagira le 29 mars. Image: données: SENTINEL2/ESA-Copernicus; composition/annotations: Culture Volcan


Pour l'heure la situation semble donc tout à fait stable.

* dénomination non officielle, je précise

Sources: MIROVA; SENTINEL2/ESA/Copernicus

Kamblany, Russie, 2156 m

Le KVERT maintient un niveau d'alerte aviation à l'orange, car des émissions de cendres semblent se poursuivre sur cet édifice. On ne peut pas dire qu'il y ait pléthore de détails concernant cette première éruption historique car la zone où il se localise semble peu peuplée et se trouve assez loin des grandes villes, d'où pourraient éventuellement partir des missions d'observation. Sans compter qu'en cette période printanière, la météo reste capricieuse et ne laisse que peu de fenêtre météo favorables pour ladite observation.
Ce sont donc, encore une fois, les données satellites qui permettent de se figurer, avec la marge d'incertitude qui leur est intrinsèque, ce qu'il se passe. Les données récoltées par le MODIS par exemple montrent que le panache en question avait un aspect assez clair, suggérant une charge en cendres modérée.
La présence de cendres est confirmée de manière indirecte par le dépôt que produit le panache sur la couche de neige et forme une vaste tâche sombre.

Le panache de gaz et cendres était encore relativement important le 03 avril. Image: MODIS/NASA

L'activité reste toutefois globalement sur le déclin si l'on en juge par les dimensions et la dynamique du panache, qui se disperse bien plus vite qu’auparavant du faite de sa charge de plus en plus faible en particules.
Par ailleurs, pour l'instant, rien n'indique la présence de hautes températures en surface: pas de coulées ni de dôme de lave en cours de formation.

Pour le moment le niveau d'alerte aviation reste à l'orange.

Sources: MODIS/NASA; KVERT

1 commentaire:

  1. Bonjour,

    C'est vrai que la situation sur le Nyamulagira n'est pas claire, et je n'ai pas l'impression qu'elle le soit non plus pour l'OVG.

    En effet, les rapports hebdomadaires indiquent un lac de lave actif, mais associé à une activité "d'un cône qui continue de se former au centre" du cratère puits. Donc soit il y a un lac de lave, alors perché, dont les débordements permettent un ennoiement du cratère, soit un spatter se construit au centre du cratère puits associé à des coulées qui s'en échappent...

    Cette seconde solution me semble quand même la plus probable. J'espère quelques photos bientôt.

    Bonne journée,

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